Mars 2011

Un mois à Puerto Natales... Après mon accident, j'ai du rester à Puerto Natales jusqu'à ce que ma main aille mieux, et que je puisse organiser une réparation rapide du Maméju. Je pourrai ainsi reprendre la mer jusqu'à Puerto Montt, première grande ville où je pourrai certainement faire une réparation définitive. Nous avons partagé de très bons moments en compagnie d'un couple extraordinaire: Don Chicho et sa femme Luisa. Don Chicho est aussi l'administrateur du club de football de ... Et il nous a invité à assister à la finale régionale. Puerto Natales Réparation du Maméju Julio, l'homme a tout faire du terminal des pêcheurs de Puerto Natales, a été en charge de faire une réparation sur le bateau afin de pourvoir prendre la mer. Après bien des efforts, nous arrivons à convenir du 18 Février pour effectuer les réparations. Nous amarrons Le Maméju dans le port à côté du quai de déchargement des bateaux de pêche. Le Maméju est coincé à quelques décimètres des mastodontes qui vont et viennent pour décharger leur marchandises... En utilisant un treuil, nous parvenons à détordre le rail de fargue. Une plaque en aluminium rivetée, un peu de résine et de peinture et nous voilà prêt au départ. 21 Mars départ de Puerto Natales, enfin! Cette étape va nous conduire à Puerto Eden, seul centre de civilisation dans l'immensité des canaux de patagonie. Ce village abrite 120 âmes, et le ravitaillement se fait une fois par semaine par un ferry qui fait la route Puerto Montt puerto Natales quand le temps le permet. Cette marquera la fin des grosses difficultés, il ne nous restera alors que le Golfe de Pena, redouté par tous les marins et la sortie dans le pacifique. Avant Puerto Eden, 280 miles vent de face, pluie, froid et le pire les cartes de navigations sont complètement fausses, la trace du GPS est au milieu des terres. On ne peut donc naviguer que de pendant la journée. Ambiance:... Puerto Eden Il nous aura fallu 7 jours pour parcourir 280 miles (520 km). Nous arrivons de nuit sans lune, et le mouillage devant le village est un peu stressant. Nous allons pourvoir nous reposer quelques jours dans ce coin reculé du bout du monde...   Surprise! Au détour d'une maison abandonnée, collé sur un carreau, un autocollant d'une Pizzeria d'Aix en Provence! En cherchant sur internet, j'ai appris qu'elle existait toujours (sur l'autocollant le numéro de téléphone était encore à 8 chiffres). J'ai envoyé cette photo, et le lendemain j'ai reçu la réponse des enfants de "JO", enthousiastes et heureux de voir une trace qu'a laissé leur père pendant un séjour en Patagonie... Une anecdote bien sympathique aux odeurs de Provence et de méditerranée aux fins fonds du Chili. Merci JO!   Repas chez l'habitant... Le soir de notre arrivée, nous voulions manger chaud et si possible sans avoir à faire de cuisine. Aussitôt le mouillage sécurisé, nous mettons l'annexe à l'eau à la recherche d'une table accueillante. Nous demandons à la première maison allumée si nous pourrions trouver à manger, et le propriétaire nous indique au bout de la "rue principale" une auberge éclairée d'où la cheminée fumait abondement. Encore en tenue de navigation, les bottes au pied nous entrons dans ce que l'on peux décrire comme une auberge. Ici sont attablé une demi douzaine de personnes, et une repas chaud nous ai servi, à condition de le finir avant 23:00, lorsque le groupe électrogène qui alimente le village est arrêté. Nous faisons alors la rencontre de Don José, le propriétaire et de Carolina le Médecin intermittent. Don José, la 60ène avancée, a lancé le projet de construire une mini usine de traitement et de conditionnement des fruit de mer pêchés aux alentours de Puerto Eden. Cette entreprise donnera du travail à 12 personnes du village (10% de la population!) et permettra de valoriser le produit des pêcheurs avant l'expédition via Puerto Natales et Punta Arena vers le reste du monde. Le bâtiment de cette petite usine est en construction, et Don José fournit un vieux groupe électrogène pour les outils électriques qui y sont utilisés. Malheureusement, il ne fonctionnait pas car la génératrice se mettait en court circuit. Voyant Don José et Manuel travaillé au fond d'un atelier humide à même le sol, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller voir et de leur proposer mon aide. Une analyse rapide du faisceau électrique montrait de nombreuses strates de réparation successives qui aboutissait à une enchevêtrement dangereux de fils multicolores. Aussi, je me lance dans l'explication en espagnol du problème et Don José explose de rire. Pendant quelques minutes, son visage rayonne d'un sourire contagieux, je me saisi d'une pince coupante et en 20 seconde, j'assaini le faisceau électrique. En un instant, le visage et tout le corps de Don José se fige, il est immobile et ses yeux reflètent peur et angoisse. Je continue à retirer les fils et à simplifier le circuit électrique, un domino pour relier directement la génératrice à la prise. Pendant les 5 minutes de mon intervention, personne n'a fait un geste. Je me suis projeté dans la situation de Don José:" Qui c'est ce bonhomme qui débarque en bateau de l'autre bout du monde, qui baragouine  4 mots d'espagnol et qui joue de la pince coupante dans mon groupe électrogène". Je voyais la crainte voire même la peur et cette interrogation dans ces yeux. J'interromps le silence en proposant de démarrer le groupe. Je vérifie rapidement à l'aide d'un multimètre que de sortie est correct et propose à Don José de connecter une perceuse à l'autre bout de la rallonge. Miracle! Elle fonctionne parfaitement et Don José retrouve son large sourire. En me tapant sur l'épaule alors que je suis encore accroupis dans la boue, il me remercie et m'invite pour un repas de remerciement de tous les acteurs qui jusqu'à ce jour ont contribué à l'avancement de son projet d'usine. Nous passons une soirée extraordinaire, généreusement arrosé de Pisco autour d'un plat délicieux, somptueusement préparé par Don José! Inoubliable! Ravitallement 1 fois par semaine... quand le temps le permet! Quelques petits films